Incidence de la COVID-19 sur les services d’urgence

Le 9 décembre 2021 — Parmi les mesures adoptées en réponse à la pandémie de COVID-19, les autorités ont imposé des restrictions sanitaires, demandant par exemple à la population de rester à la maison le plus possible. Néanmoins, les Canadiens ont été avisés de se rendre aux urgences si leur situation l’exigeait. De mars 2020 à juin 2021, les services d’urgence ont enregistré en moyenne quelque 9 300 visites de moins par jour au Canada, par rapport à la période précédant la pandémie (de janvier à décembre 2019). Une analyse des données de l’ICIS met en lumière les effets de la pandémie de COVID-19 sur les personnes qui se sont rendues aux urgences et les types de soins qui y ont été dispensés.

Incidence de la hausse du nombre d’infections à la COVID-19 dans la collectivité sur les visites aux urgences

Lors des première et deuxième vagues de la pandémie, le nombre de visites aux urgences a chuté alors que le nombre de cas de COVID-19 augmentait dans la collectivité. Au cours de la troisième vague, le nombre de visites a bondi pour revenir vers les mêmes niveaux qu’avant la pandémie. La plus forte baisse, soit près de 25 000 visites de moins aux urgences — environ la moitié du nombre habituel —, s’est produite pendant la première vague, un jour de mi-avril 2020. Cette baisse était probablement attribuable à l’interprétation des restrictions sanitaires par la population et à la peur de contracter la COVID-19 à l’hôpital. 

Remarque : Dans la présente analyse, le terme « vague » désigne une hausse soudaine du nombre de cas de COVID-19 dans la collectivité pour l’ensemble du Canada, même s’il est entendu que le moment et l’ampleur des vagues peuvent différer selon l’autorité compétente.

À l’été 2020, avec la baisse du nombre de cas de COVID-19 dans la collectivité et l’allégement des mesures sanitaires, le nombre de visites aux urgences est remonté sans toutefois atteindre les niveaux habituels en cette période de l’année (88 % des volumes recensés en août 2019). À son point le plus bas un jour de la deuxième vague (en décembre 2020), le nombre de visites aux urgences a chuté de près de 15 000. En juin 2021, le nombre de visites était en moyenne 9 % inférieur aux niveaux prépandémiques (juin 2019).

Variation du nombre de visites aux services d’urgence pendant la pandémie, de mars 2020 à juin 2021

Comparativement à 2019, les visites aux urgences ont chuté drastiquement d’environ 50 % en avril 2020, quand la première vague de la pandémie de COVID-19 s’est manifestée au Canada. Alors que le nombre de cas de COVID-19 dans la collectivité diminuait lentement à la fin du printemps et au cours de l’été, le nombre de visites aux urgences est remonté pour atteindre en août 2020 88 % des niveaux prépandémiques. La deuxième vague a causé une autre chute du nombre de visites aux urgences à la fin décembre pour s’établir à 64 % du volume de l’année précédente. À partir de janvier 2021, les visites aux urgences ont amorcé une hausse soutenue, ponctuée par une légère baisse en avril 2021 coïncidant avec le sommet de la troisième vague. À la fin juin 2021, les visites aux urgences avaient atteint 91 % des niveaux prépandémiques.

Remarques
Données complètes pour le Québec, l’Ontario, l’Alberta et le Yukon. Données partielles pour l’Île-du-Prince-Édouard, la Nouvelle-Écosse, le Manitoba, la Saskatchewan et la Colombie-Britannique.
La période des données de mars 2020 à mars 2021 est close. Les données pour avril à juin 2021 sont provisoires et pourraient changer; elles doivent donc être interprétées avec prudence. Voyez comment utiliser les données provisoires de l’ICIS sur la santé.

Sources
Système national d’information sur les soins ambulatoires, de janvier à décembre 2019 (données de référence recueillies avant la pandémie) et de mars 2020 à juin 2021 (données recueillies durant la pandémie), Institut canadien d’information sur la santé. 
Agence de la santé publique du Canada. Mise à jour quotidienne sur l’épidémiologie de la COVID-19. Consulté le 24 septembre 2021.

Entre mars 2020 et juin 2021, le nombre de visites aux urgences (tous niveaux d’urgence confondus) était 22 % plus faible qu’avant la pandémie. La plus forte baisse (d’environ 28 %) touchait les visites de personnes nécessitant des soins moins urgents ou non urgents. La baisse du nombre de visites pour obtenir des soins s’est traduite par une diminution du temps d’attente pour voir un médecin. Pour explorer les indicateurs de temps d’attente au service d’urgence à l’échelle des hôpitaux et des régions pour 2020-2021, consultez l’outil Web interactif de l’ICIS Votre système de santé : En détail.

Il est possible que certaines personnes aient trouvé des solutions de rechange au service d’urgence (p. ex. médecins de famille, dispensateurs de soins virtuels), tandis que d’autres ont peut-être carrément renoncé à se faire soigner.

Baisse la plus marquée du nombre de visites aux urgences observée chez les enfants et les jeunes

Les enfants et les jeunes ont connu la plus forte baisse du nombre de visites aux urgences. En moyenne, pendant la pandémie, le nombre de visites a diminué de 50 % par mois chez les enfants de 0 à 4 ans et de 38 % par mois chez les enfants et les jeunes de 5 à 19 ans.

Variation du nombre de visites aux urgences pendant la pandémie, selon le groupe d’âge, de mars 2020 à juin 2021

Mois Variation en pourcentage du nombre de visites aux urgences, 0 à 4 ans Variation en pourcentage du nombre de visites aux urgences, 5 à 19 ans Variation en pourcentage du nombre de visites aux urgences, 20 à 64 ans Variation en pourcentage du nombre de visites aux urgences, 65 à 84 ans Variation en pourcentage du nombre de visites aux urgences, 85 ans et plus Nombre de cas par mois de COVID-19 dans la collectivité
Mars 2020 -34 % -36 % -19 % -26 % -29 % 8 533
Avril 2020 -72 % -69 % -41 % -42 % -46 % 44 688
Mai 2020 -59 % 56 % -25 % -26 % -31 % 37 711
Juin 2020 -48 % -39 % -15 % -15 % -20 % 13 257
Juillet 2020 -38 % -22 % -11 % -12 % -17 % 12 108
Août 2020 -31 % -19 % -9 % -10 % -14 % 12 636
Septembre 2020 -33 % -25 % -12 % -11 % -14 % 29 810
October 2020 -45 % -33 % -17 % -17 % -20 % 76 686
Novembre 2020 -52 % -39 % -18 % -17 % -19 % 142 695
Décembre 2020 -68 % -52 % -23 % -21 % -23 % 203 288
Janvier 2021 -64 % -44 % -22 % 19 % -24 % 198 426
Février 2021 -57 % -40 % -19 % -12 % -17 % 87 841
Mars 2021 -50 % -32 % -16 % -10 % -17 % 114 416
Avril 2021 -47 % -38 % -13 % -14 % -21 % 237 308
Mai 2021 -37 % -34 % -8 % -12 % -16 % 162 155
Juin 2021 -23 % -23 % -6 % -5 % -7 % 33 711

Remarques
Données complètes pour le Québec, l’Ontario, l’Alberta et le Yukon. Données partielles pour l’Île-du-Prince-Édouard, la Nouvelle-Écosse, le Manitoba, la Saskatchewan et la Colombie-Britannique.
La période des données de mars 2020 à mars 2021 est close. Les données pour avril à juin 2021 sont provisoires et pourraient changer; elles doivent donc être interprétées avec prudence. Voyez comment utiliser les données provisoires de l’ICIS sur la santé.

Sources
Système national d’information sur les soins ambulatoires, de janvier à décembre 2019 (données de référence recueillies avant la pandémie) et de mars 2020 à juin 2021 (données recueillies durant la pandémie), Institut canadien d’information sur la santé. 
Agence de la santé publique du Canada. Mise à jour quotidienne sur l’épidémiologie de la COVID-19. Consulté le 24 septembre 2021.

Outre le fait que les enfants et les jeunes (ou les personnes qui en prennent soin) aient changé leur façon d’obtenir des soins, d’autres mesures sanitaires — comme la fermeture des écoles, l’annulation des activités sportives et le confinement — peuvent avoir eu des répercussions sur le nombre de visites aux urgences. Par exemple, le nombre de visites liées à des chutes accidentelles chez les enfants de 0 à 19 ans a diminué de 27 % pendant la pandémie, et le nombre de visites en raison de méfaits causés par l’alcool chez les jeunes de 10 à 19 ans a chuté de 36 %. Le nombre de cas de maladies habituellement liées au milieu scolaire, comme le rhume et la grippe, a aussi diminué. Une diminution semblable a été observée quant au nombre de visites chez le médecin de famille effectuées par les personnes de 0 à 17 ans.

Nous sommes à une période de l’année où les virus respiratoires commencent à se manifester chez les jeunes enfants. Les mesures sanitaires qui ont aidé à prévenir la propagation de la COVID-19 l’an passé ont aussi aidé à prévenir — ou du moins à réduire — la propagation d’autres affections respiratoires. Les données de l’ICIS l’illustrent d’ailleurs clairement : on remarque une forte baisse du nombre de visites aux urgences dans le groupe d’âge le plus jeune. Maintenant que plusieurs des restrictions ont été assouplies au pays, et vu que le Canada n’a pratiquement pas connu de saison d’infections à la grippe ou à VRS (virus respiratoire syncytial) l’année dernière, nous nous attendons à une hausse marquée du nombre de visites aux urgences pour ces affections, comme on l’a vu dans d’autres pays.— Dr Jeremy Friedman, pédiatre en chef associé, Hôpital pour enfants de Toronto

Moins de visites aux urgences en raison d’affections respiratoires non liées à la COVID-19

Au cours d’une année typique, les affections respiratoires constituent la deuxième raison la plus courante des visites aux urgences. Comme dans d’autres paysReference1 , les mesures sanitaires mises en place au Canada, telles que la distanciation physique et le port du masque, ont contribué à réduire la transmission communautaire de nombreux virus respiratoires saisonniers. Il en a résulté une diminution du nombre de visites aux urgences en raison d’affections comme la bronchiolite (chez les jeunes enfants), la grippe, la pneumonie, l’asthme et la maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC). 

Au cours de la pandémie, le nombre de visites aux urgences en raison d’affections respiratoires — à l’exclusion des cas confirmés de COVID-19 — a chuté de 45 % par rapport à ce qu’il était avant la pandémie, pour atteindre environ 42 000 visites par mois en moyenne. Pour explorer les données sur les patients atteints de la COVID-19, consultez les statistiques sur les hospitalisations et les visites au service d’urgence liées à la COVID-19 de l’ICIS. 

En outre, les hôpitaux ont mis en œuvre des stratégies visant à réduire l’affluence dans les salles d’attente, ce qui peut avoir contribué à la baisse du nombre de patients reçus en consultation. Ces stratégies comprennent les suivantes :

  • triage (virtuel ou physique) des personnes avant leur entrée au service d’urgence;
  • redirection des personnes pouvant être traitées ailleurs;
  • offre de visites virtuelles au service d’urgence.

Questions auxquelles ces informations ne permettent pas de répondre

  • Quelles ont été les répercussions des soins virtuels sur l’accès aux soins et l’utilisation du service d’urgence?
  • Quelles ont été les conséquences sur l’état de santé des personnes qui ne sont pas allées au service d’urgence ou qui ont reporté leur visite?
  • Quelles ont été les répercussions des centres d’évaluation pour le dépistage de la COVID-19 sur les visites aux services d’urgence?

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Tableaux de données

​Ces tableaux de données contiennent de l’information sur les visites aux urgences de 2 périodes : avant la pandémie et pendant la pandémie, pour aider à comprendre l’incidence de la COVID-19 sur les services d’urgence (SU) au Canada.

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Référence

1.
Retour à la référence 1 dans le texte
Olsen SJ, Winn AK, Budd AP, et al. Changes in influenza and other respiratory virus activity during the COVID-19 pandemic — United States, 2020–2021. Morbidity and Mortality Weekly Report. 23 juillet 2021.

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