Incidence de la COVID-19 sur les chirurgies : le point sur les volumes et les temps d’attente

Le 23 mars 2023 — Les hôpitaux ont-ils réussi à rattraper les retards en chirurgie découlant de la pandémie de COVID-19? Les Canadiens attendent-ils plus longtemps pour des interventions prioritaires comme les arthroplasties de la hanche et du genou, les chirurgies de la cataracte et du cancer, et l’imagerie diagnostique? Poursuivez votre lecture pour connaître les tendances récentes concernant les volumes de chirurgies et les temps d’attente. Ces constatations permettront d’orienter les efforts de redressement et de planification des systèmes de santé visant à réduire les retards en chirurgie et à fournir des soins plus rapidement aux Canadiens.

La baisse du nombre annuel de chirurgies s’est poursuivie la deuxième et la troisième années de la pandémie, avec des variations selon la province et le territoire

Au cours des 31 premiers mois de la pandémie, on a pratiqué environ 937 000 interventions chirurgicales (14 %) de moins qu’avant la pandémie au Canada. Ces estimations du nombre de chirurgies pratiquées et de leur variation en pourcentage depuis mars 2020 ont été établies en prenant l’année 2019 comme point de référence, sans ajustement pour tenir compte des changements dans la croissance de la population ou d’autres facteurs.

La baisse la plus marquée du nombre de chirurgies s’est produite au cours des 4 premiers mois de la pandémie (de mars à juin 2020), alors que toutes les chirurgies planifiées et non urgentes ont été annulées ou reportées dans l’ensemble des provinces et territoires en réponse aux directives de santé publique. On a aussi observé des baisses marquées à l’échelle nationale lors des vagues liées aux variants Delta (en mai 2021) et Omicron (en janvier 2022). Un plus grand nombre de chirurgies qu’avant la pandémie devra être réalisé si l’on veut revenir à la normale et réduire les retards dans les provinces et territoires. À l’échelle du pays, le volume de chirurgies pratiquées a rarement dépassé les volumes observés avant la pandémie, sauf en mars 2021 (hausse de 7 %), en mars 2022 (hausse de 3 %) et en juin 2022 (hausse de 4 %).

Après les 6 premiers mois de la pandémie, les tendances et les variations dans le nombre total de chirurgies ont grandement varié à l’échelle du pays.

  • Certaines provinces, comme l’Île-du-Prince-Édouard et la Colombie-Britannique, n’ont pas connu de fortes baisses après les 6 premiers mois de la pandémie, et le nombre total de chirurgies pratiquées a rebondi, pour se situer dans une fourchette de 0,5 % à 7 % des niveaux prépandémiques.
  • Terre-Neuve-et-Labrador, le Québec et le Manitoba ont connu de fortes baisses pendant les vagues Delta et Omicron de la COVID-19, le nombre de chirurgies étant alors de 18 % à 21 % inférieur aux niveaux prépandémiques.
  • C’est la première fois que cette analyse continue comprend des données du Québec. Au moment de l’analyse, les données incluaient les résultats allant jusqu’en mars 2022 pour cette province. Pendant les 25 premiers mois de la pandémie, le nombre de chirurgies a baissé d’environ 200 000 au Québec par rapport à la période prépandémique.

On a observé une baisse du nombre de chirurgies dans tous les groupes d’âge, tant chez les hommes que chez les femmes. Les résultats pour la période de 31 mois indiquent également que la pandémie a eu des répercussions plus importantes sur les personnes vivant dans des quartiers à faible revenu, où la diminution des chirurgies a été plus forte.

Les baisses des volumes de chirurgies sont liées à de nombreux facteurs, dont la chronologie et les répercussions des cas de COVID-19 ainsi que les interventions des systèmes de santé, comme l’annulation de chirurgies planifiées. Le manque de disponibilité des travailleurs de la santé et les pénuries de personnel ont nui aux efforts de rattrapage des retards accumulés. Tout au long de la pandémie, les taux d’heures supplémentaires et de détresse psychologique ont été plus élevés chez les travailleurs de la santé, ce qui a amené nombre d’entre eux à prendre une retraite anticipée ou à quitter le secteur de la santé.Référence1Référence2 La persistance des pénuries continue d’ailleurs d’entraver la réduction des retards en chirurgie.

Des temps d’attente plus longs persistent, alors que seulement 50 % des patients subissent un remplacement du genou dans le délai recommandé de 6 mois

Tout au long de la pandémie, les interventions chirurgicales planifiées comme les arthroplasties et les chirurgies de la cataracte ont été les plus susceptibles d’être reportées ou annulées, et beaucoup de Canadiens ont dû attendre plus longtemps qu’avant pour ces chirurgies.

Chez les adultes de 18 ans et plus, on a pratiqué d’avril 2020 à septembre 2022 près de 35 850 arthroplasties du genou (20 %), et 12 000 arthroplasties de la hanche (11 %) de moins qu’avant la pandémie. Durant cette même période, 92 200 (10 %) Canadiens de moins ont subi une chirurgie de la cataracte. La demande pour ces interventions continue d’augmenter en raison de facteurs tels que le vieillissement de la population et l’amélioration des technologies de remplacement articulaire et des techniques chirurgicales, de sorte que la comparaison des niveaux prépandémiques et pandémiques peut entraîner une sous-estimation de certains résultats.

Les données les plus récentes montrent que si le nombre mensuel de chirurgies planifiées se rapproche des niveaux prépandémiques, cela ne suffit pas à effacer les retards et à réduire les temps d’attente. Elles montrent aussi que le rattrapage est plus difficile en ce qui concerne les remplacements articulaires, principalement pratiqués dans les salles d’opération des hôpitaux, comparativement aux chirurgies de la cataracte, qui peuvent être réalisées dans des salles de chirurgie d’un jour ou des cliniques communautaires.

D’avril à septembre 2022, le nombre de Canadiens ayant subi une arthroplastie du genou est revenu à un niveau proche de celui d’avant la pandémie. Toutefois, environ 50 % des patients ont attendu plus longtemps que le délai recommandé de 6 mois (182 jours) et ce dans presque toutes les provinces, car les systèmes de santé devaient de nouveau procéder à un rattrapage en raison des annulations et des retards découlant des vagues Delta et Omicron. De même, pour les arthroplasties de la hanche, seuls 57 % des patients ont été traités dans les délais recommandés. Avant la pandémie, environ 70 % des arthroplasties du genou et 75 % des arthroplasties de la hanche étaient pratiquées dans le délai recommandé de 6 mois. Fait remarquable, dans 4 provinces (l’Ontario, le Manitoba, la Saskatchewan et l’Alberta) plus de remplacements articulaires ont été réalisés au cours de la période la plus récente (avril à septembre 2022) que pendant la même période en 2019.

En ce qui concerne la chirurgie de la cataracte, les temps d’attente à l’échelle pancanadienne sont revenus aux niveaux prépandémiques en octobre 2020 et ils y sont demeurés depuis, 66 % des patients ayant été opérés dans le délai recommandé de 112 jours. Un examen plus approfondi des résultats fait toutefois ressortir des différences considérables entre les provinces. D’avril à septembre 2022, une plus grande proportion de patients qu’avant la pandémie ont subi leur chirurgie de la cataracte dans le délai recommandé à l’Île-du-Prince-Édouard, au Manitoba, en Alberta et en Colombie-Britannique. L’inverse était vrai à Terre-Neuve-et-Labrador, au Québec et en Ontario, où une proportion plus faible de patients ont été opérés dans le délai recommandé comparativement à la période prépandémique.

Pour en savoir plus sur les données relatives aux temps d’attente, les définitions et les sources de données, y compris les temps d’attente et les tendances relatives aux volumes pour les arthroplasties de la hanche, consultez l’outil sur les temps d’attente de l’ICIS.

De plus longs temps d’attente pour les chirurgies du cancer en 2022

Les efforts constants visant à prioriser les soins ont adouci l’impact de la pandémie sur les interventions plus urgentes comme les chirurgies du cancer. Le nombre de chirurgies a donc moins reculé et les temps d’attente ont été moins affectés.

Toutefois, les données les plus récentes montrent que les temps d’attente pour les chirurgies du cancer ont légèrement augmenté en 2022. D’avril à septembre 2022, la moitié des patients ont attendu environ 1 à 3 jours de plus qu’avant la pandémie pour une chirurgie du cancer colorectal ou du cancer du sein, de la vessie ou du poumon, et le temps d’attente médian pour une chirurgie du cancer de la prostate a augmenté d’environ 12 jours. On pourrait en conclure, malgré les légères variations d’une province à l’autre, que le rattrapage se poursuit, mais en fonction des contraintes actuelles sur les plans des capacités et des ressources.

L’accumulation des chirurgies du cancer à pratiquer découle des retards et annulations datant principalement des premiers mois de la pandémie, durant lesquels les interventions ont diminué de 20 %. Pendant cette période, le nombre de nouveaux cas de cancer diagnostiqués a également été inférieur aux prévisions en raison de la baisse du dépistage du cancer et de l’accès réduit aux soins de première ligne. Une analyse publiée par le Partenariat canadien contre le cancer montre qu’il y a eu environ 6 % de nouveaux cas de cancer en moins en 2020 par rapport à la moyenne de 2015 à 2019; rien qu’en avril 2020, il y a eu environ 50 % de nouveaux cas de cancer de la prostate en moins, 43 % de nouveaux cas de cancer colorectal en moins, 31 % de nouveaux cas de cancer du sein en moins et 30 % de nouveaux cas de cancer du poumon en moins.Référence3

Les volumes de chirurgies du cancer se maintiennent aux mêmes niveaux que durant les 6 premiers mois de la pandémie. Les volumes prépandémiques n’ont pas été atteints ou dépassés de façon suffisamment constante pour réduire le retard accumulé. D’avril à septembre 2022, il y a eu environ 1 000 (2 %) chirurgies du cancer colorectal ou du cancer du sein, de la vessie, du poumon et de la prostate de moins que pendant la même période en 2019. On s’attend à ce que les diagnostics de cancer augmentent et à ce que les pénuries de personnel persistent dans plusieurs groupes de professionnels de la santé tels que les infirmières spécialisées et les techniciens, ce qui nuira de toute évidence au rattrapage. Un suivi sera essentiel pour évaluer l’impact des stratégies et efforts de planification en cours pour faire face à ces obstacles.

Pour obtenir les données les plus récentes sur les temps d’attente pour les chirurgies du cancer, l’imagerie diagnostique et d’autres interventions, consultez l'outil sur les temps d’attente de l’ICIS.

Ressources en vedette

Explorez les temps d’attente pour les interventions prioritaires au Canada

Découvrez nos données interactives sur les temps d’attente à l’échelle nationale et provinciale. Les temps d’attente pour les arthroplasties de la hanche et du genou sont également disponibles à l’échelle régionale.

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Tableaux de données sur les volumes de chirurgies

Ces tableaux de données présentent de l’information sur les volumes de chirurgies pour 2 périodes — avant la pandémie et pendant la pandémie — pour aider à comprendre l’incidence de la COVID-19 sur les chirurgies au Canada.

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Données additionnelles sur les temps d’attente

Des données chronologiques nationales et provinciales sont disponibles pour la période du 1er avril au 30 septembre (2008 à 2022) et du 1er octobre au 31 mars (2019 à 2022) aux fins de surveillance des répercussions de la pandémie de COVID-19.

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Comment citer ce contenu :

Institut canadien d’information sur la santé. Incidence de la COVID-19 sur les chirurgies : le point sur les volumes et les temps d’attente. Consulté le 23 avril 2024.

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