Les temps d’attente pour les interventions prioritaires au Canada, 2022

Le 10 mai 2022 — Combien de temps les Canadiens ont-ils attendu pour une chirurgie, un examen d’imagerie diagnostique ou une autre intervention prioritaire durant les 18 premiers mois de la pandémie de COVID-19? En quoi les temps d’attente et le nombre d’interventions pratiquées se comparent-ils à ceux observés avant la pandémie? Voyez comment les temps d’attente pour des interventions prioritaires (arthroplastie du genou, arthroplastie de la hanche, réparation d’une fracture de la hanche, radiothérapie, chirurgie de la cataracte, chirurgie du cancer et imagerie diagnostique) ont fluctué entre avril 2020 et septembre 2021. Bien qu’une bonne partie des données aient été recueillies avant les vagues Delta, Omicron et BA.2 les principales constatations permettront d’orienter le rétablissement des systèmes de santé et les efforts de planification. 

Remarques

  • La présente analyse examine 18 mois de données recueillies durant la pandémie par tranche de 6 mois (avril 2020 à septembre 2021). 
  • Dans la présente analyse, le terme « vague » désigne une hausse soudaine du nombre de cas de COVID-19 dans la collectivité pour l’ensemble du Canada, même s’il est entendu que le moment et l’ampleur des vagues peuvent différer selon l’autorité compétente.

Les restrictions liées à la COVID-19 dans les hôpitaux ont entraîné des retards en chirurgie

Le nombre de chirurgies a diminué de près de 600 000 au cours des 22 premiers mois de la pandémie par rapport à 2019. Les 2 périodes comparées vont de mars 2020 à décembre 2021 et de janvier à décembre 2019. Les données du Québec sont exclues.

Les interventions chirurgicales et médicales planifiées ont fait l’objet de plusieurs reports, car les systèmes de santé du Canada ont accordé la priorité aux traitements urgents durant la pandémie de COVID-19. Ces reports variaient selon le niveau d’urgence de la chirurgie et le milieu clinique, et selon l’autorité compétente. 

Dans l’ensemble, les remplacements articulaires et les chirurgies de la cataracte représentaient près du quart de la baisse du nombre de chirurgies, lequel a surtout diminué au début de la pandémie. Des renseignements détaillés sur la diminution du nombre de chirurgies durant la pandémie de COVID-19 sont disponibles sur demande.

Durant la pandémie, les lits en chirurgie orthopédique de notre unité de séjour de courte durée ont été occupés par des patients atteints de la COVID-19. Pour accroître notre capacité à pratiquer des arthroplasties de la hanche et du genou, nous avons élargi notre programme de chirurgie d’un jour dans la Zone centrale, ce qui nous a permis de réaliser plus de 700 arthroplasties de la hanche et du genou en consultation externe en 2021-2022, comparativement à moins de 100 en 2019-2020. Nous avons également mis en place des services de soutien supplémentaires, en particulier des services de soins infirmiers et de réadaptation, pour faciliter le retour à la maison le jour de l’opération. Nous discutons actuellement de la possibilité d’utiliser d’autres stratégies pour réduire les temps d’attente, qui se sont aggravés pendant la pandémie. — Lynn Molloy, gestionnaire, Listes d’attente en chirurgie, Autorité sanitaire de la Nouvelle-Écosse

Les temps d’attente sont demeurés plus longs pour les remplacements articulaires, mais sont revenus à un niveau prépandémique pour les chirurgies de la cataracte dans la plupart des provinces

D’octobre 2020 à septembre 2021, les temps d’attente des patients ayant besoin d’une arthroplastie de la hanche ou du genou ont continué d’être plus longs, tandis que ceux des patients ayant besoin d’une chirurgie de la cataracte sont revenus à ce qu’ils étaient avant la pandémie dans la plupart des provinces. Quant au nombre d’interventions planifiées, il a fluctué au cours de cette période — revenant parfois à un niveau prépandémique ou légèrement plus élevé. Toujours pour ces 3 types d’interventions, l’analyse révèle par ailleurs une amélioration dans les temps d’attente par rapport aux 6 premiers mois de la pandémie (avril à septembre 2020), où la moitié seulement des patients ont reçu leur traitement dans les délais recommandés et le nombre d’interventions a chuté de 40 %. 

  • En ce qui concerne les remplacements articulaires, environ 62 % des patients canadiens ont été traités dans les délais recommandés (182 jours) entre octobre 2020 et septembre 2021, contre 71 % au cours de la période précédant la pandémie. Une proportion semblable ou inférieure de patients ayant reçu leurs traitements dans les délais de référence a été observée dans toutes les provinces, sauf à l’Île-du-Prince-Édouard où une amélioration a été constatée dans les temps d’attente pour les arthroplasties du genou.
  • En ce qui concerne les chirurgies de la cataracte, 66 % des patients canadiens ont été traités dans les délais recommandés (112 jours) entre octobre 2020 et septembre 2021, contre 70 % au cours de la période précédant la pandémie. Dans 7 provinces sur 10, les temps d’attente ont été plus courts ou semblables à ceux observés avant la pandémie. En revanche, la proportion de patients traités dans les délais de référence en Ontario, au Québec et à Terre-Neuve-et-Labrador est demeurée inférieure (de 6 à 10 %) à ce qu’elle était avant la pandémie.

Figure 1 Pourcentage de Canadiens traités dans les délais de référence, remplacement articulaire et chirurgie de la cataracte, avril 2019 à septembre 2021

D’avril à septembre 2019 (donc avant la pandémie), 75 % des patients canadiens ont été traités dans les délais de référence pour une arthroplastie de la hanche, et 70 % ont été traités dans les délais de référence pour une arthroplastie du genou ou une chirurgie de la cataracte.

D’octobre 2019 à mars 2020 (donc avant la pandémie), 74 % des patients canadiens ont été traités dans les délais de référence pour une arthroplastie de la hanche, et 69 % ont été traités dans les délais de référence pour une arthroplastie du genou ou une chirurgie de la cataracte.

D’avril à septembre 2020, 56 % des patients canadiens ont été traités dans les délais de référence pour une arthroplastie de la hanche, 47 % ont été traités dans les délais de référence pour une arthroplastie du genou et 45 %, pour une chirurgie de la cataracte.

D’octobre 2020 à mars 2021, 66 % des patients canadiens ont été traités dans les délais de référence pour une arthroplastie de la hanche, 59 % ont été traités dans les délais de référence pour une arthroplastie du genou et 66 %, pour une chirurgie de la cataracte.

D’avril à septembre 2021, 65 % des patients canadiens ont été traités dans les délais de référence pour une arthroplastie de la hanche, 59 % ont été traités dans les délais de référence pour une arthroplastie du genou et 66 %, pour une chirurgie de la cataracte.

Remarques
Le délai de référence est de 182 jours pour une arthroplastie de la hanche ou du genou et de 112 jours pour une chirurgie de la cataracte.
Les données sur les temps d’attente excluent les territoires.
Voir l’ensemble des données nationales et provinciales sur les temps d’attente et le nombre d’interventions (XLSX). 

La priorité a été accordée aux interventions urgentes comme les réparations d’une fracture de la hanche, la radiothérapie et les chirurgies du cancer

Tout au long de la pandémie, lors du report des interventions en raison de vagues de COVID-19, les systèmes de santé ont accordé la priorité au maintien des interventions urgentes comme les chirurgies du cancer, la radiothérapie et les réparations d’une fracture de la hanche, si bien que les vagues successives de COVID-19 n’ont pas eu d’incidence marquée sur le nombre d’interventions et les temps d’attente associés à la réparation d’une fracture de la hanche et à la radiothérapie. Ainsi, d’avril à septembre 2021, 85 % des patients qui en avaient besoin ont subi une intervention de réparation d’une fracture de la hanche dans le délai recommandé de 48 heures, tandis que 97 % des patients qui en avaient besoin ont reçu une radiothérapie dans le délai recommandé de 4 semaines. Ces proportions ont peu changé en 5 ans et dans l’ensemble des provinces. 

Les temps d’attente pour les chirurgies du cancer sont eux aussi demeurés semblables à ceux d’avant la pandémie, leur fluctuation et la baisse du nombre d’interventions s’étant surtout produites au cours des premiers mois de la pandémie. Dans l’ensemble, les chirurgies du cancer ont représenté près de 3 % de la baisse des interventions au cours des 18 premiers mois de la pandémie. 

Les temps d’attente pour une chirurgie du cancer sont revenus à ce qu’ils étaient avant la pandémie entre avril et septembre 2021. La moitié des patients ont attendu de 18 à 24 jours pour une chirurgie liée au cancer colorectal, du sein, de la vessie et du poumon. Le temps d’attente médian pour une chirurgie liée au cancer de la prostate se chiffrait quant à lui à 43 jours. Toujours à cette période, le nombre de chirurgies du cancer a remonté en 2021, affichant un déficit de seulement 5 % par rapport à la période précédant la pandémie. Il s’agit d’une hausse marquée par rapport au nombre déclaré d’interventions pour la période d’avril à septembre 2020, qui représentait alors un déficit d’environ 20 %. 

Les temps d’attente pour une intervention comme une chirurgie du cancer ou un remplacement articulaire mettent en relief les répercussions de la COVID-19 sur les systèmes de santé. Toutefois, ils ne brossent pas un portrait complet de la situation du point de vue des patients et des systèmes de santé. En effet, les retards en matière d’accès à des soins préventifs, à des consultations auprès de spécialistes, à des examens préchirurgicaux et à des examens d’imagerie occasionnés par les vagues successives de COVID-19 devraient s’ajouter aux retards en chirurgie découlant des mesures pour contrer la pandémie.

Figure 2 Temps d’attente médian pour une chirurgie du cancer au Canada, selon le type de chirurgie, avril 2019 à septembre 2021

D’avril à septembre 2019 (donc avant la pandémie), le temps d’attente médian était de 24 jours pour une chirurgie du cancer de la vessie, de 18 jours pour une chirurgie du cancer du sein, de 21 jours pour une chirurgie du cancer colorectal, de 24 jours pour une chirurgie du cancer du poumon et de 41 jours pour une chirurgie du cancer de la prostate.

D’octobre 2019 à mars 2020 (donc avant la pandémie), le temps d’attente médian était de 24 jours pour une chirurgie du cancer de la vessie, de 18 jours pour une chirurgie du cancer du sein, de 20 jours pour une chirurgie du cancer colorectal, de 23 jours pour une chirurgie du cancer du poumon et de 40 jours pour une chirurgie du cancer de la prostate.

D’avril à septembre 2020, le temps d’attente médian était de 21 jours pour une chirurgie du cancer de la vessie, de 16 jours pour une chirurgie du cancer du sein, de 17 jours pour une chirurgie du cancer colorectal, de 21 jours pour une chirurgie du cancer du poumon et de 41 jours pour une chirurgie du cancer de la prostate.

D’octobre 2020 à mars 2021, le temps d’attente médian était de 23 jours pour une chirurgie du cancer de la vessie, de 18 jours pour une chirurgie du cancer du sein, de 19 jours pour une chirurgie du cancer colorectal, de 21 jours pour une chirurgie du cancer du poumon et de 35 jours pour une chirurgie du cancer de la prostate.

D’avril à septembre 2021, le temps d’attente médian était de 24 jours pour une chirurgie du cancer de la vessie, de 18 jours pour une chirurgie du cancer du sein, de 19 jours pour une chirurgie du cancer colorectal, de 23 jours pour une chirurgie du cancer du poumon et de 43 jours pour une chirurgie du cancer de la prostate.

Remarques
Le terme « médian » fait référence au nombre de jours pendant lesquels la moitié des patients ont attendu avant de recevoir des soins.
Les données sur les temps d’attente excluent les territoires. Les données du Manitoba sur les temps d’attente pour une chirurgie liée au cancer colorectal, de la vessie et de la prostate ne sont pas disponibles. 

Après la première vague, les temps d’attente pour un examen d’imagerie par résonance magnétique (IRM) ont diminué par rapport à la période prépandémique, tandis que les temps d’attente pour un examen de tomodensitométrie (TDM) sont demeurés les mêmes

Les temps d’attente et le nombre d’interventions associés à l’imagerie diagnostique témoignent de la volonté des systèmes de santé de rétablir et de maintenir la qualité des soins de santé offerts aux Canadiens. En effet, entre octobre 2020 et septembre 2021, les temps d’attente médians observés à l’échelle nationale pour les examens d’IRM ont raccourci de 4 ou 5 jours par rapport à la période prépandémique, tandis que ceux pour les examens de TDM sont demeurés les mêmes. 

La fluctuation des temps d’attente pour l’imagerie diagnostique coïncidait généralement avec une hausse du nombre d’examens réalisés. Au cours de la période de 6 mois allant d’octobre 2020 à mars 2021, le nombre d’examens d’imagerie diagnostique a bondi par rapport à ce qu’il était avant la pandémie (hausse de 9 % pour les examens de TDM et de 8 % pour les examens d’IRM), ce qui contraste avec la baisse de plus de 20 % qu’il avait accusé d’avril à septembre 2020. En revanche, au cours de la période d’avril à septembre 2021, il était semblable à ce qu’il était avant la pandémie. 

Les temps d’attente pour l’imagerie diagnostique et leur fluctuation durant la pandémie variaient considérablement d’une province à l’autre. En ce qui concerne la période d’avril à septembre 2021, les temps d’attente médians pour un examen d’IRM ont raccourci de 6 à 27 jours à l’Île-du-Prince-Édouard, en Ontario, en Saskatchewan et en Alberta (figure 3), mais sont demeurés semblables en Colombie-Britannique et se sont allongés de 11 jours au Manitoba et de 30 jours en Nouvelle-Écosse par rapport à ce qu’ils étaient avant la pandémie.

Figure 3 Temps d’attente médians pour les examens de TDM et d’IRM au Canada, avril 2019 à septembre 2021

D’avril à septembre 2019 (donc avant la pandémie), le temps d’attente médian était de 13 jours pour les examens de TDM et de 42 jours pour les examens d’IRM.

D’octobre 2019 à mars 2020 (donc avant la pandémie), le temps d’attente médian était de 14 jours pour les examens de TDM et de 46 jours pour les examens d’IRM.

D’avril à septembre 2020, le temps d’attente médian était de 12 jours pour les examens de TDM et de 45 jours pour les examens d’IRM.

D’octobre 2020 à mars 2021, le temps d’attente médian était de 13 jours pour les examens de TDM et de 38 jours pour les examens d’IRM.

D’avril à septembre 2021, le temps d’attente médian était de 12 jours pour les examens de TDM et de 37 jours pour les examens d’IRM.

Remarques
Le terme « médian » fait référence au nombre de jours pendant lesquels la moitié des patients ont attendu avant de recevoir des soins.
Les données sur les temps d’attente excluent les territoires. Les données de Terre-Neuve-et-Labrador, du Nouveau-Brunswick et du Québec sur les temps d’attente pour les examens d’IRM ne sont pas disponibles. 

Ressources en vedette

Explorez les temps d’attente pour les interventions prioritaires au Canada

Découvrez nos données interactives sur les temps d’attente à l’échelle nationale et provinciale. Les temps d’attente pour les arthroplasties de la hanche et du genou sont également disponibles à l’échelle régionale.

Consulter les tableaux interactifs

 

Comment citer ce contenu :

Institut canadien d’information sur la santé. Les temps d’attente pour les interventions prioritaires au Canada, 2022. Consulté le 18 mars 2024.

Si vous avez un handicap et aimeriez consulter l’information de l’ICIS dans un format différent, visitez notre page sur l'accessibilité