Soins virtuels : un virage pour les Canadiens qui reçoivent des services dispensés par les médecins

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Le 24 mars 2022 — Au début de la pandémie, les autorités gouvernementales ont mis en place différentes mesures pour limiter la propagation de la COVID-19, comme le confinement et la distanciation physiqueReference1. Ces mesures ont initialement réduit le nombre d’interactions entre les médecins et leurs patients. Dans les mois qui ont suivi, les consultations ont toutefois repris avec de nombreux rendez-vous virtuels au téléphone, par vidéoconférence et par clavardageReference2. Depuis, les soins virtuels occupent une place importante au Canada. 

Le présent rapport décrit les tendances de l’accès aux soins virtuels dans 5 provinces (Ontario, Manitoba, Saskatchewan, Alberta et Colombie-Britannique) entre avril 2019 et mars 2021. Pour en savoir plus, veuillez télécharger les tableaux de données.

Plus de patients que jamais ont reçu des soins virtuels

En 2019, les soins virtuels représentaient entre 2 % et 11 % des services reçus par les patients, selon la province. Un an plus tard, les patients avaient reçu entre 24 % et 42 % de services sous forme virtuelle. Dans les 5 provinces dont les données sont disponibles, 16 % de la population en moyenne avait reçu au moins un service de santé virtuel par mois.

Proportion de la population ayant reçu des soins virtuels, avril 2019 à mars 2021

Mois Ontario Manitoba Saskatchewan Alberta Colombie-Britannique
Avril 19 1 % 6 % 4 % 3 % 3 %
Mai 19 1 % 6 % 4 % 3 % 3 %
Juin 19 1 % 6 % 4 % 3 % 2 %
Juillet 19 1 % 6 % 4 % 3 % 3 %
Août 19 1 % 6 % 4 % 3 % 2 %
Sept. 19 1 % 6 % 4 % 3 % 3 %
Oct. 19 1 % 7 % 4 % 3 % 3 %
Nov. 19 1 % 6 % 4 % 3 % 3 %
Déc. 19 1 % 6 % 4 % 3 % 2 %
Janv. 20 1 % 7 % 4 % 4 % 3 %
Février 20 1 % 6 % 4 % 3 % 3 %
Mars20 9 % 14 % 13 % 8 % 13 %
Avril 20 16 % 19 % Non disponible 14 % 20 %
Mai 20 15 % 18 % Non disponible 13 % 20 %
Juin 20 16 % 17 % Non disponible 12 % 21 %
Juillet 20 16 % 15 % 16 % 11 % 20 %
Août 20 15 % 15 % 15 % 10 % 19 %
Sept. 20 16 % 16 % 16 % 10 % 21 %
Oct. 20 16 % 16 % 16 % 10 % 21 %
Nov. 20 16 % 19 % 17 % 11 % 21 %
Déc. 20 16 % 19 % 17 % 12 % 21 %
Janv. 21 17 % 18 % 17 % 12 % 22 %
Février 21 16 % 17 % 15 % 11 % 21 %
Mar 21 18 % 19 % 17 % 12 % 24 %

Remarques
Les données de la Saskatchewan ne sont pas indiquées; il y a eu sous-déclaration des données du 1er avril au 30 juin 2020, car les médecins prenant part à la Pandemic Physician Service Agreement (entente sur les services des médecins pendant la pandémie) n’ont pas soumis de demandes de remboursement pour les services qu’ils ont fournis.
La hausse soudaine dans le graphique coïncide avec la mise en place des mesures sanitaires et l’entrée en vigueur des règles de facturation pour les services virtuels dans de nombreuses provinces à la mi-mars 2020.

Source
Base de données nationale sur les médecins, 2019 à 2021 (données de l’exercice en cours), Institut canadien d’information sur la santé. Données soumises à l’ICIS au 15 octobre 2021.

Les patients ont été plus nombreux à recevoir des soins virtuels, mais le volume de services a aussi augmenté. Un bon nombre des services couramment offerts par les médecins ont été dispensés sous forme virtuelle au début de la pandémie. Les consultations virtuelles représentaient en moyenne 244 services par 1 000 habitants par mois pendant la première année de la pandémie (d’avril 2020 à mars 2021), contre une moyenne de 52 l’année précédente. À noter que même si ces tendances montrent un net virage vers les soins virtuels, elles ne correspondent pas nécessairement aux préférences des patients ou des médecins. Il sera important de continuer à surveiller la prestation des services pour comprendre l’adoption à long terme de ce mode de prestation de soins par les patients et les médecins.

La question de l’usage approprié des soins virtuels suscite de nombreux débats dans le secteur de la santé. Le recours aux soins virtuels doit être une décision relationnelle, c’est-à-dire que les dispensateurs et les patients doivent prendre la décision ensemble. La prestation de soins virtuels appropriés sera toujours liée au contexte et demandera un bon niveau de littératie en santé numérique de la part des dispensateurs et des patients pour qu’ils puissent choisir la meilleure façon d’obtenir un résultat de qualité. Nous avons beaucoup de travail à faire pour développer la littératie en santé numérique dans le secteur de la santé; les données publiées par l’ICIS constituent un bon point de départ.— Dr Ewan Affleck, conseiller médical principal, informatique de la santé, College of Physicians and Surgeons of Alberta

De petites différences dans les soins virtuels selon le niveau de revenu des patients

Pour recevoir des soins virtuels, les patients interagissent avec leur médecin au moyen de la technologie. Certains cliniciens et décideurs se préoccupent du fait que les Canadiens à faible revenu pourraient être désavantagés par ce mode de prestation, car ils sont moins susceptibles d’avoir accès à une connexion Internet haute vitesse, à un téléphone intelligent ou à un autre appareil doté d’une fonction vidéoReference3. Mais notre étude montre que, malgré les disparités de revenus, les différences dans l’accès aux soins virtuels étaient minimes. D’avril 2020 à mars 2021, les patients de tous les niveaux de revenus ont eu accès aux soins virtuels. Le pourcentage d’accès variait de 30 % (patients vivant dans les quartiers au revenu le plus faible) à 34 % (patients vivant dans les quartiers au revenu le plus élevé).

Proportion des services reçus sous forme virtuelle, par niveau de revenu et province, avril 2020 à mars 2021

Niveau de revenu Ontario Manitoba Alberta Colombie-Britannique
Quintile de revenu 1 (le plus faible) 27 % 31 % 23 % 40 %
Quintile de revenu 2 30 % 34 % 24 % 42 %
Quintile de revenu 3 31 % 34 % 24 % 43 %
Quintile de revenu 4 31 % 34 % 25 % 43 %
Quintile de revenu 5 (le plus élevé) 32 % 34 % 25 % 44 %

Remarques
Moyenne de 12 mois. 
Les données de la Saskatchewan ne sont pas indiquées, car elles ne contiennent pas l’information requise pour déterminer l’emplacement géographique et le niveau de revenu.
Le quintile de revenu du patient classe les quartiers en ordre croissant d’aisance financière. Le premier quintile correspond aux quartiers dont le revenu est le plus faible et le cinquième quintile, à ceux dont le revenu est le plus élevé. Les quintiles de revenus dans le graphique sont indiqués en ordre croissant de niveau de revenu, du plus faible au plus élevé.

Source
Base de données nationale sur les médecins, 2019 à 2021 (données de l’exercice en cours), Institut canadien d’information sur la santé. Données soumises à l’ICIS au 15 octobre 2021.

La prestation de soins virtuels a varié selon le groupe d’âge

L’utilisation de soins virtuels a beaucoup varié selon le groupe d’âge. Entre avril 2020 et mars 2021, les adultes de 18 à 64 ans ont reçu la proportion la plus élevée de services sous forme virtuelle, avec une moyenne de 35 %. Le groupe des jeunes et celui des personnes âgées ont aussi reçu une proportion importante de leurs services sous forme virtuelle, 29 % dans les deux cas. Même si la prestation de services virtuels peut aider les patients à accéder aux soins pendant la pandémie, les données utilisées dans cette étude ne fournissent aucune information sur le caractère approprié ou la qualité de ces soins.

Proportion des services reçus sous forme virtuelle, par groupe d’âge et province, avril 2020 à mars 2021

Province 0-17 ans 18-64 ans 65 ans et plus
Ontario 27 % 35 % 25 %
Manitoba 26 % 36 % 31 %
Saskatchewan 33 % 37 % 29 %
Alberta 20 % 25 % 24 %
Colombie-Britannique 39 % 45 % 39 %

Remarques
Moyenne de 12 mois. 
Il y a eu sous-déclaration des données de la Saskatchewan du 1er avril au 30 juin 2020, car les médecins prenant part à la Pandemic Physician Service Agreement (entente sur les services des médecins pendant la pandémie) n’ont pas soumis de demandes de remboursement pour les services qu’ils ont fournis.
La moyenne de la Saskatchewan repose sur les mois de juillet à mars.

Source
Base de données nationale sur les médecins, 2019 à 2021 (données de l’exercice en cours), Institut canadien d’information sur la santé. Données soumises à l’ICIS au 15 octobre 2021.

Pour obtenir de l’information au sujet de l’incidence des soins virtuels sur la pratique des médecins, veuillez consulter notre publication complémentaire intitulée Soins virtuels : un virage pour les médecins au Canada.

Avec l’émergence rapide des soins virtuels au Canada, il est difficile de traiter toutes les questions soulevées par ce mode de prestation. Il est intéressant de voir des collaborations prendre forme entre différents organismes, comme l’ICIS et le Centre for Digital Health Evaluation. Le système de santé canadien en sort gagnant lorsque des organismes qui ont les mêmes visions et objectifs s’unissent pour grandir.— Dr Onil Bhattacharyya, directeur scientifique, WCH Institute for Health System Solutions and Virtual Care, Women’s College Hospital

Remerciements

L’ICIS s’est associé à l’Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé (ACMTS), à Inforoute Santé du Canada, au Centre for Digital Health Evaluation (CDHE) et au Centre for Wise Practices in Indigenous Health dans le cadre de sa collaboration avec le Réseau canadien pour l’évaluation de la santé numérique (le Réseau). Nous combinons notre expertise à celle des organismes partenaires du Réseau pour soutenir l’adoption d’une approche pancanadienne complète à l’égard des évaluations de la santé numérique, y compris la mesure et l’analyse des soins virtuels.

L’ICIS tient à souligner l’échange de connaissances avec le CDHE; cette collaboration a orienté les présents travaux sur les soins virtuels.

Questions auxquelles ces informations ne permettent pas de répondre

  • Qui n’a pu avoir accès aux services des médecins, et pourquoi? 
  • Les soins virtuels ont-ils répondu aux besoins des patients ou donné les résultats optimaux?
  • Quels étaient les obstacles à l’accès aux soins virtuels?
 

Références

1.
Retour à la référence 1 dans le texte
Institut canadien d’information sur la santé. Calendrier des interventions liées à la COVID-19 au Canada. Consulté le 15 octobre 2021.
2.
Retour à la référence 2 dans le texte
Institut canadien d’information sur la santé. Codes de facturation des médecins en réponse à la COVID-19. Consulté le 15 octobre 2021.
3.
Retour à la référence 3 dans le texte
Bhatia RS, et al. Virtual care use before and during the COVID-19 pandemic: A repeated cross-sectional study. Canadian Medical Association Journal Open. Février 2021.

Comment citer ce contenu :

Institut canadien d’information sur la santé. Soins virtuels : un virage pour les Canadiens qui reçoivent des services dispensés par les médecins. Consulté le 24 avril 2024.

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