La vie après la pandémie — Dr Vivek Goel

27 min | Publié le 20 juillet 2021

Depuis que le premier cas de COVID-19 au Canada a été recensé le 25 janvier 2020, le quotidien des Canadiens a été bouleversé de bien des façons. Beaucoup d’incertitude demeure quant à savoir à quoi ressemblera notre quotidien après la pandémie. Nous nous sommes donc entretenus avec un expert afin de comprendre ce à quoi les Canadiens peuvent s’attendre une fois la pandémie terminée. Ne manquez pas cette discussion avec le Dr Vivek Goel, président du Conseil d’administration de l’ICIS.

Cet épisode est disponible en anglais seulement.

Transcription

Alex Maheux:

La situation liée à la COVID-19 évolue rapidement, si bien que les circonstances peuvent avoir changé depuis l’enregistrement de ce balado.

Bonjour, bienvenue au Balado d’information sur la santé au Canada. Je suis votre animatrice, Alex Maheux. Dans cette émission de l’Institut canadien d’information sur la santé, nous allons analyser les systèmes de santé du Canada avec des experts qualifiés. Restez à l’écoute pour en savoir plus sur les politiques et systèmes de santé, et sur le travail effectué pour favoriser la santé des Canadiens.

Aujourd’hui, pour le dernier épisode de la saison, nous recevons un invité très spécial, le Dr Vivek Goel, médecin et chercheur en santé publique renommé qui est aussi président du Conseil d’administration de l’ICIS. Le Dr Goel est professeur à l’Institut des politiques, de la gestion et de l’évaluation de la santé, à l’École de santé publique Dalla Lana de l’Université de Toronto. Le 1er juillet dernier, il est devenu recteur et vice-chancelier de l’Université de Waterloo. 

Il a énormément contribué au travail pour améliorer la santé des Canadiens. Le Dr Goel est membre du Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19, président du groupe consultatif d’experts sur l’élaboration d’une stratégie pancanadienne de données sur la santé, et conseiller scientifique pour CanCOVID, la plateforme de recherche nationale pour la recherche sur la COVID-19. En plus, il est membre de l’Académie canadienne des sciences de la santé et il a reçu l’Ordre du Canada. Le Dr Goel est avec nous pour parler de la réalité au Canada après la pandémie de COVID-19, et de ce que nous pouvons espérer de notre nouvelle normalité. Allons-y.

Bonjour, Vivek, bienvenue au balado. Comment allez-vous?

Dr. Vivek Goel:

Très bien, comment allez-vous Alex?

Alex Maheux:

Ça va bien, merci. L’année de pandémie a été longue et difficile. Nous avons dû apporter beaucoup de changements à notre façon de vivre. Avez-vous été surpris par certaines choses?

Dr. Vivek Goel:

Je crois qu’il y a beaucoup de choses qui ont surpris beaucoup de gens. Ce qui m’a probablement le plus impressionné, c’est la résilience des gens, n’est-ce pas? Ça fait 16 ou 17 mois déjà, peu importe le nombre exact de longs mois, et, au début de mars 2020, je pense que personne ne se serait vu travailler à la maison pendant plus d’un an et pouvoir faire en ligne tout ce qu’on fait maintenant. 

Vous savez, à l’université, nous avons offert des programmes en entier de façon virtuelle. Les gens ont changé leur façon de magasiner. Ils ont fait des séances d’exercices sur Zoom. C’est incroyable de constater avec quelle rapidité nous nous sommes adaptés. Ça n’a pas été facile. Les défis ont été nombreux, tout comme les répercussions sur la santé mentale des gens. Nous devons en être conscients. À mon avis, c’est sans aucun doute une grande leçon sur la capacité d’adaptation des humains en cas de circonstances majeures.

Alex Maheux:

C’est vrai, les gens ont certainement fait preuve de résilience. Nous avons décidément appris beaucoup de choses au cours de la dernière année et demie. De votre point de vue, quelles ont été les plus importantes leçons apprises concernant les systèmes de santé du Canada?

Dr. Vivek Goel:

Nous en avons évidemment beaucoup appris sur les défis continus à relever dans de nombreuses parties du système de santé. Et l’ICIS a fait un travail considérable dans 2 domaines très importants : les soins de longue durée et, plus généralement, le soutien des personnes âgées, la façon dont nous les traitons, la façon dont nous les considérons. C’est un enjeu depuis des décennies, alors ce n’est rien de nouveau. Mais avec la pandémie, les gens ont ouvert les yeux. Au début, nous avons certainement pu constater l’incidence sur les soins de longue durée. Malheureusement, dans plusieurs régions du pays, la situation s’est répétée lors de la deuxième vague, même si nous savions ce qui devait être fait.

Le deuxième domaine important concerne le rôle que jouent les déterminants sociaux de la santé. Encore une fois, pendant la pandémie, des gens ont commencé très tôt à parler des groupes qui étaient particulièrement touchés et d’autres conséquences. Puis, il a fallu un peu de temps, il a fallu attendre les données pour réellement mesurer les répercussions selon le logement, le travail et l’ethnicité, et selon la convergence de ces facteurs pour les personnes moins protégées, qui ne pouvaient pas travailler en sécurité chez elles. Et nous avons constaté les répercussions sur la santé et sur le système de santé. Nous avons aussi pu observer l’incidence que les mesures sanitaires, les restrictions, ont eue sur de nombreuses populations semblables. Toute cette situation nous a fait réaliser à quel point il était important d’avoir accès à des données actuelles de bonne qualité pour prendre des décisions éclairées.

Alex Maheux:

Voilà qui m’amène à ma question suivante. Une des choses que la COVID-19 a mises en évidence, c’est l’importance et la puissance des données. À une époque où l’information évolue, change et est mise à jour continuellement, le besoin d’avoir des données actuelles et fiables est évident. Que nous a appris la pandémie sur les analyses et le suivi des données au Canada?

Dr. Vivek Goel:

Nous avons d’excellents systèmes de suivi des données sur la santé, mais il y a tout de même certaines améliorations à apporter. Plus particulièrement, l’actualité des données et la couverture des données dans l’ensemble du pays. Pendant la pandémie, nous avons réalisé très tôt que nous n’avions pas de données actuelles et complètes sur les cas de COVID-19 à l’échelle nationale. Ce n’était pas évident d’effectuer des recherches selon la présence de symptômes, le lieu d’éclosion ou l’emploi qu’occupait une personne infectée. Les données étaient difficiles à obtenir et continuent de l’être. 

La collecte de ces données comporte déjà certains défis. Il faut s’adresser aux gens pour connaître l’emploi qu’ils occupent. Et ce n’est pas facile lorsque les autorités sanitaires sont surchargées. Les difficultés concernent aussi la façon de codifier les données, pour que la codification soit cohérente entre les autorités compétentes, ou même au sein des différents services ou unités de la santé. Viennent ensuite les enjeux de transmission des données.

Ainsi, avec les bons éléments d’information, nous avons pu, par exemple, produire de très bons rapports sur la mortalité en soins de longue durée. Le rapport de l’ICIS sur ce sujet a été publié en juin 2020, je crois. Donc, comme je l’ai dit plus tôt, nous avions de l’information pertinente, qui n’a peut-être pas été prise en compte à l’arrivée de la deuxième vague. L’accès aux données en temps opportun est toutefois un défi dans bien d’autres domaines.

Alex Maheux:

Absolument. Nous savons que les données sont importantes pour les décideurs. Vous le savez plus que quiconque. Vous êtes président du groupe consultatif d’experts sur l’élaboration d’une stratégie pancanadienne de données sur la santé. En quoi une stratégie exhaustive relative aux données est-elle importante pour les Canadiens?

Dr. Vivek Goel:

Si nous voulons offrir aux Canadiens, au niveau individuel d’abord, les meilleurs soins de santé possible, tout en veillant à la santé publique et à la santé des différentes populations, et en favorisant la recherche et le développement de nouveaux processus et technologies au profit des Canadiens, nous devons tirer parti du pouvoir des données. Nous devons aussi simplifier l’accès des Canadiens à leurs propres données. 

À l’heure actuelle, je pense que personne au Canada ne peut avoir rapidement accès à ses propres renseignements sur la santé. Et pour que les gens accèdent à leurs données, ils doivent se connecter à plusieurs portails, un pour des analyses de laboratoire, un pour des examens d’imagerie diagnostique, puis un autre pour les dossiers médicaux. Les choses s’améliorent dans quelques régions, mais c’est loin d’être idéal. 

Pour les dispensateurs de soins qui rencontrent un patient et veulent consulter ses résultats d’examens d’imagerie de l’année précédente, ce n’est pas si simple. Nous savons que nous ne fournissons pas les services nécessaires, nous ne soutenons pas les dispensateurs efficacement afin qu’ils puissent offrir le meilleur service possible. C’est le premier niveau. Les besoins des Canadiens doivent être à l’avant-plan. 

Puis, pensons aux collectivités des Premières Nations, des Inuits et des Métis. Ils n’ont pas l’information dont ils ont besoin et ils prennent de plus en plus en charge leurs propres services et veulent en être responsables. Ils devraient pouvoir gérer leurs renseignements et appliquer leurs propres approches. Comme je l’ai mentionné plus tôt, d’autres groupes qui ont été particulièrement touchés, que ce soit la communauté noire ou les communautés d’immigrants, qui représentent les « points chauds », n’ont pas accès à des données actuelles. Pensons-y du point de vue politique, du point de vue de la gestion de l’administration de la santé. Avons-nous des données actuelles pour chacun de ces milieux?

Dans le cadre du travail que réalise notre groupe d’experts, nous évaluons la situation pour chacune de ces communautés et examinons quels sont les défis qui se posent. Et malheureusement, les limites en matière d’accès aux données que rencontrent ces communautés ne sont pas nouvelles. Dans notre premier rapport publié le 17 juin, nous commençons même par des citations tirées de l’enquête sur le SRAS présidée par le Dr David Naylor. J’ai une citation tirée du rapport de la commission Wilk de 1991. Les auditeurs du balado peuvent consulter le rapport du groupe d’experts. Lisez la citation du rapport de la commission Wilk. Si vous ne saviez pas que le rapport remonte à 1991, vous penseriez qu’il décrit la situation actuelle au Canada concernant l’information sur la santé. C’est un peu triste, n’est-ce pas? 

Tout ça a refait surface et s’est retrouvé sur la scène publique durant la pandémie de COVID-19. Toutefois, les causes fondamentales des difficultés de transmission de l’information, nous les connaissons depuis longtemps. Ainsi, dans notre premier rapport, nous avons décrit ces causes et tenté de trouver des moyens de nous y attaquer. Il ne suffit pas de créer de meilleurs systèmes ou d’utiliser de meilleures technologies et méthodes. Ce sont des choses que nous devons faire, certainement, mais il faut aussi mettre à contribution le public et les dispensateurs de soins. Il faut qu’ils comprennent l’importance du cheminement des données, qu’ils sachent en quoi ils profitent de la mise en commun des données. Les dispensateurs doivent comprendre que, lorsqu’ils rencontrent un patient, s’ils veulent en savoir rapidement plus sur ses interventions antérieures, l’information doit circuler. 

Nous devons examiner nos politiques et nos cadres de protection de la vie privée. Nous devons surtout les actualiser pour l’ère numérique, car les modèles que nous avons sont essentiellement basés sur des dossiers papier. Ainsi, même un concept comme celui de dépositaire des renseignements sur la santé est le dépositaire des dossiers papier. Lorsque nous allions au sous-sol de l’hôpital ou à la salle des dossiers médicaux, il y avait un gardien des dossiers. Mais qu’est-ce que ce concept signifie à l’ère numérique, où nous n’avons pas besoin de dossier papier? Même avec les technologies numériques, comme beaucoup d’auditeurs le savent, la numérisation consiste essentiellement à créer des images de dossiers papier, des formulaires PDF. Et pendant la pandémie, des documents étaient envoyés par télécopieur.

Les alliances responsables sont un autre élément. Il existe beaucoup d’intervenants dans le système de santé : les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux. Puis, il y a les dispensateurs de soins, les organismes du système de santé et les personnes. Et tous ces intervenants doivent se tenir mutuellement responsables. Le dernier élément que nous avons cerné est l’interopérabilité, comme les définitions communes. On ne parle pas nécessairement de systèmes à grande échelle. Les technologies modernes rendent possible l’interopérabilité des systèmes, mais chacun peut avoir son propre système. 

Voilà ce qui compose notre premier rapport. Nous poursuivrons notre travail durant l’été et approfondirons chacun de ces sujets. Dans notre deuxième rapport, nous tenterons de tracer la voie à suivre pour surmonter ces difficultés fondamentales qui nous préoccupent depuis de très nombreuses décennies.

Alex Maheux:

Absolument. Et il ne s’agit là que d’un de vos rôles. Vivek, vous avez de nombreuses responsabilités. Vous êtes chercheur en santé publique, expert en évaluation des services de santé, président du Conseil d’administration de l’ICIS et professeur. J’imagine qu’avoir autant de responsabilités est un énorme défi en soi, qui occasionne beaucoup de pression et de stress. Durant la pandémie, est-ce que certains de ces rôles ont été plus compliqués que d’autres?

Dr. Vivek Goel:

Vous savez certainement qu’au début de la pandémie, une partie de mon rôle à l’Université de Toronto a été de diriger la réponse de l’Université elle-même. Dans le cas de l’Université de Toronto, la communauté est composée d’environ 100 000 personnes réparties sur plusieurs campus. Nous avons des résidences, nous avons des services de restauration, nous avons des garderies, c’est une petite ville, ou une grande ville en fait si on y réfléchit. Nous avons dû faire face à plusieurs obstacles. 

Cette période a certainement été très stressante, comme pour énormément de gens. Nous étions confrontés à beaucoup d’incertitude et l’information évoluait rapidement. Évidemment, il a été difficile de jongler avec tout ça. Mais en ce qui concerne les multiples rôles que vous avez évoqués, comme vous pouvez l’entendre dans ma réponse aux questions précédentes, ils ont toujours reposé sur l’utilisation des données. 

Alex Maheux:

Oui, et au nom de l’ICIS, je crois pouvoir affirmer avec confiance que nous vous en sommes très reconnaissants. J’aimerais maintenant qu’on se tourne un peu vers l’avenir et qu’on discute des dernières vagues de la pandémie. Je sais qu’on se demande tous à quel moment nos vies reprendront leur cours normal. Pouvez-vous nous expliquer à quoi nous devrions nous attendre?

Dr. Vivek Goel:

Vous savez, j’aimerais avoir une boule de cristal qui me permettrait de vous dire exactement à quoi vous attendre. Je pense qu’il y a encore beaucoup d’incertitude, même si nous sommes dans une bien meilleure position qu’il y a quelques mois ou même un mois. C’est pourquoi au cours des prochains mois, je pense que nous passerons un bel été dans la plupart des régions du pays. La vaccination s’est réellement intensifiée. Nous sommes un des pays qui administre le plus de doses par jour. 

Au début juillet, nous dépasserons probablement les États-Unis quant à la proportion de la population ayant reçu une première dose et une deuxième dose. En mars ou en avril, je ne crois pas que quiconque aurait imaginé que ce serait possible. Et probablement que, d’ici la fin de l’été, nous serons en tête d’à peu près tous les grands pays de l’OCDE. Vous savez, il y a quelques très petits pays insulaires qui ont 100 000 personnes à vacciner. Toutes ces personnes ont été vaccinées dès le début, et ces pays seront sur la liste. Mais si vous pensez aux grandes économies du monde, aux pays de plus d’un million d’habitants, nous serons parmi les premiers. Dans la plupart des régions du pays, le nombre de cas diminue. Nous devons toujours surveiller quelques variants, mais je pense que nous pourrons y arriver.

Maintenant, le grand risque est de savoir quel type de vague nous pourrions observer à l’automne. À l’heure actuelle dans la plupart des régions du Canada, les gens parlent d’une quatrième vague possible. À dire vrai, nous devons comprendre qu’il y aura une quatrième vague de la maladie. Reste à savoir à quel moment et quelle sera son importance. Est-ce qu’on pourra la gérer, sans surcharger le système de santé? Nous devons réaliser que nous ne sommes pas au bout de nos peines. À certains endroits dans le monde, la COVID-19 frappera, car la vaccination ne se déroule pas uniformément à l’échelle internationale. Le Canada aura une position de chef de file à l’échelle mondiale, mais la population de nombreuses régions du monde n’aura pas reçu de vaccin. 

Cette situation aura des conséquences sur nous, sur notre capacité de voyager ou de recevoir la visite de membres de la famille qui vivent à l’étranger. Je crois que nous pourrons recommencer à voyager, mais que nous devrons probablement nous soumettre à des tests de dépistage. La quarantaine ne sera plus obligatoire pour les voyageurs vaccinés. Ce changement se fera petit à petit. Donc nous ne reviendrons pas exactement à ce que c’était auparavant. Je crois qu’il s’agira d’une nouvelle normalité. Je pense qu’il y aura des éclosions sporadiques. Mais si nous pouvons les détecter rapidement, ce qui signifie effectuer des tests de dépistage fréquents, et avoir les ressources dans le système de santé pour rechercher les contacts et soutenir les personnes en isolement, nous pourrons gérer ces éclosions sporadiques qui se produiront dans l’ensemble du pays. 

Bref, ce n’est pas demain la veille que nous reviendrons à la normale. Cependant, dans la plupart des sphères de la société, nous pourrons recommencer à vaquer à nos occupations. Il faudra peut-être un peu plus de temps dans certaines provinces et certains territoires du pays, mais les exigences concernant la distanciation sociale et le port du masque commenceront à être levées.

Alex Maheux:

En effet. Vous avez déjà abordé quelques-uns de ces sujets, mais j’aimerais connaître votre opinion sur certains aspects particuliers de la vie sociale et savoir en quoi, selon vous, ils seront différents après la pandémie de COVID-19. Commençons par les grands rassemblements, comme lors des événements sportifs et des spectacles.

Dr. Vivek Goel:

Les consignes à ce sujet varieront au cours des prochains mois. Très certainement durant les mois à venir, car chaque province et territoire fera les choses à sa manière. Nous l’avons vu dans plusieurs provinces, avec les équipes participant aux séries éliminatoires de la LNH. Les provinces ont commencé à permettre aux travailleurs de la santé vaccinés d’assister aux matchs en petit nombre, c’est-à-dire environ 10 % de la capacité, en portant un masque. Et je crois que ça continuera à évoluer graduellement. À un moment donné, lorsque nous atteindrons le seuil voulu de personnes vaccinées dans la population, les taux de transmission de la maladie seront en baisse et je crois que ces événements reviendront pratiquement à ce qu’ils étaient.

Alex Maheux:

Je comprends. Je crois que ça plaira à beaucoup de gens qui nous écoutent. Et les masques? Feront-ils maintenant partie de notre mode de vie, même après la pandémie?

Dr. Vivek Goel:

Je crois que ce sera une question intéressante, probablement plus pour les sociologues qui devront commencer à explorer en quoi consisteront les nouvelles pratiques culturelles. Vous savez, le port du masque était déjà une pratique culturelle dans de nombreuses régions du monde, en Asie. On a pu voir comment ce genre d’habitudes a aidé les gens à faire face à la première vague. Il existe aussi des habitudes différentes pour ce qui est de l’hygiène. Selon moi, accepter et choisir d’appliquer volontairement ou non ces pratiques deviendra une question d’ordre sociologique. Aux États-Unis par exemple, les gens arrachent leur masque et affirment qu’il n’y a pas de retour en arrière. Les Canadiens se situent en quelque sorte entre les 2. Ma prédiction est que dans certains contextes, des gens voudront continuer à porter un masque.

Alex Maheux:

Un dernier aspect, rapidement : les vaccins. Quel rôle jouent-ils dans la gestion de la vie après la pandémie de COVID-19?

Dr. Vivek Goel:

Eh bien, l’important dans l’immédiat c’est d’obtenir assez de vaccins – 

Alex Maheux:

Je brûle les étapes ici.

Dr. Vivek Goel:

– après la pandémie et de les distribuer partout dans le monde. Les données sur la nécessité des doses de rappel continuent de paraître. Il y a 2 raisons qui pourraient justifier la nécessité des doses de rappel. La première, si l’immunité induite par la vaccination perd de son effet avec le temps. Et la seconde raison pour laquelle nous aurions besoin de ces doses, c’est si les variants continuent d’évoluer. Il existe un variant contre lequel les vaccins actuels n’offrent pas de protection. Jusqu’ici, les vaccins procurent un bon niveau de protection contre tous les principaux variants. Ce seront des enjeux difficiles. Encore une fois, on revient au fait que ça ne disparaîtra pas. Le risque restera présent, et il s’inscrira dans le cadre d’une nouvelle normalité au quotidien.

Alex Maheux:

Je comprends. Ça nous donne une bonne idée. Beaucoup de Canadiens ressentent du stress et de l’anxiété face au retour à une nouvelle normalité. Qu’y aura-t-il de nouveau, comment faire la transition, et qu’en sera-t-il des attentes sociales qui en résulteront manifestement? Avez-vous des conseils sur la façon de gérer ces préoccupations?

Dr. Vivek Goel:

Vous savez, je crois qu’il faut d’abord reconnaître ces préoccupations. Il faut prendre le temps de dialoguer avec les gens, de comprendre pourquoi ils ont des inquiétudes. Peut-être qu’un membre de leur famille est immunodéprimé. Peut-être qu’un membre de leur famille a eu la COVID-19 et a dû être hospitalisé ou est peut-être même décédé. La COVID-19 aura touché les gens de diverses façons et tous auront des attentes différentes quant à ce qui pourrait leur arriver au moment de réintégrer la société. Il n’y a donc pas un message unique à passer.

Nous devons aider les gens à reconnaître leurs préoccupations, leur donner accès à l’information et leur donner accès aux ressources qui peuvent les aider à obtenir des réponses aux questions qu’ils se posent. Il faut ensuite s’assurer qu’ils disposent de l’information nécessaire et que les endroits qu’ils fréquentent adoptent les bonnes pratiques, s’engagent à promouvoir la vaccination auprès de leurs employés, appliquent des mesures d’hygiène régulières, améliorent la ventilation des lieux, ce genre de choses. 

Une des choses que les entreprises cherchent à faire est de démontrer qu’elles adoptent de bonnes pratiques. Comment peuvent-elles mettre en évidence qu’elles suivent des pratiques sécuritaires? Les gouvernements travaillent aussi avec les entreprises et les employeurs à trouver des moyens de rassurer les gens quant à l’adoption de ces types de pratiques.

Alex Maheux:

En effet. Ce sera extrêmement important. J’aimerais terminer sur une note plus positive. De votre côté, à quoi avez-vous hâte? Et à quoi pouvons-nous tous nous attendre?

Dr. Vivek Goel:

Eh bien, cet après-midi nous avons une réservation sur une terrasse ma femme et moi, ce sera bien de sortir un peu. Il fait soleil aujourd’hui à Toronto. J’ai certainement très hâte de sortir et de reprendre ce genre d’activités, de visiter ma famille et mes amis. Comme vos auditeurs le savent, je commence un nouvel emploi le 1er juillet à l’Université de Waterloo. C’est une chose à laquelle j’ai aussi très hâte.

En fait, ce n’est pas anodin, c’est un emploi qui m’a intéressé en partie en raison de la vision de créer une université post-pandémie qui s’attardera à beaucoup de ces enjeux. La région de Waterloo est une plaque tournante de la fabrication au Canada depuis plus d’un siècle. Quand nous pensons à la façon dont nous rapatrions une partie de notre capacité de fabrication grâce à des fournitures essentielles, elle constitue un centre d’excellence en science des données, en ingénierie, en intelligence artificielle, donc beaucoup de choses dont nous avons parlé. J’ai bien hâte de combiner toutes ces expériences dans ma carrière dans un rôle qui permettra de créer de nouveaux programmes d’éducation, de nouveaux programmes de recherche, une nouvelle [incompréhensible 00:25:29] société afin de rebâtir un Canada meilleur.

Alex Maheux:

C’est merveilleux. Vivek, merci beaucoup d’avoir partagé votre sagesse et votre point de vue aujourd’hui et merci pour cette conversation si réfléchie. C’est une excellente façon de conclure la première saison du Balado d’information sur la santé au Canada. Encore une fois, merci.

Dr. Vivek Goel:

Merci beaucoup de m’avoir invité.

Alex Maheux:

Merci d’avoir été à l’écoute. Nous espérons que cet épisode vous a plu. Revenez la prochaine fois, car nous continuerons à vous présenter des points de vue intéressants et à décortiquer des sujets liés à la santé qui vous intéressent.

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Cet épisode a été produit par Jonathan Kuehlein, avec l’aide d’Amie Chant, Marisa Duncan, Shraddha Sankhe et Ramon Syyap à la recherche. Ici, Alex Maheux. Merci de suivre le Balado d’information sur la santé au Canada. À la prochaine!

<Fin de l’enregistrement>

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