Incidence de la COVID-19 sur les travailleurs de la santé — Suzie Durocher-Hendriks et Dr Abdo Shabah

21 min | Publié le 22 juin 2021

Les travailleurs de première ligne en santé au Canada ont été touchés de façon disproportionnée par la pandémie de COVID-19 d’après le nombre de cas et de décès. L’infirmière Suzie Durocher-Hendriks et le Dr Abdo Shabah témoignent des répercussions de la pandémie sur leurs vies personnelles et professionnelles et de leur adaptation en cette période extrêmement difficile.

Cet épisode est disponible en français seulement.

Transcription

Alex Maheux

Comme la pandémie Covid-19 évolue rapidement, les circonstances ont peut-être changé depuis l’enregistrement de cette entrevue et ne reflètent pas nécessairement la situation présente.

Bonjour et bienvenue au Balado d’information sur la santé au Canada. Je suis votre animatrice, Alex Maheux. Dans cette émission de l’Institut canadien d’information sur la santé, nous allons analyser les systèmes de santé du Canada avec des experts qualifiés. Restez à l’écoute pour en savoir plus sur les politiques et les systèmes de santé et sur le travail effectué pour favoriser la santé des Canadiens.

Aujourd’hui, nous allons aux premières lignes de la Covid-19. L’ICIS a publié de nombreux rapports sur les travers de la santé durant la pandémie, qui démontrent les risques quotidiens auxquels ils font face. Les statistiques démontrent qu’il y a eu près de 92 000 cas et plus de 42 décès auprès des travailleurs de la santé. Même si ces nombres ont diminué dernièrement, ces travailleurs continuent de s’exposer à des risques chaque jour. Aujourd’hui, nous en parlons avec Suzie Durocher-Hendriks, infirmière depuis 39 ans, qui a aussi été professeure en soins aigus et critiques à l’Université de Moncton, au campus d’Edmundston. Nous en discutons aussi avec Dr Abdo Shabah, urgentologue et spécialiste de la santé publique, dans la région de Montréal, qui fait également la navette au nord de la province. Dr Shabah enseigne aussi à l’Université de Montréal.

Rappelez-vous que les opinions et les commentaires de nos invités ne reflètent pas nécessairement ceux de l’Institut canadien d’information sur la santé. Allons-y.

Bonjour, Suzie et Abdo. Merci de nous avoir joints au balado, aujourd’hui.

Dr Abdo Shabah

Bonjour.

Suzie Durocher-Hendriks

Fait plaisir.

Alex Maheux

Abdo, j’aimerais commencer avec vous. Réalisant que c’est peut-être une grosse première question, pouvez-vous nous raconter comment vous avez vécu la dernière année, commençant avec la panique de la première vague et les prochaines vagues qui ont suivi?

Dr Abdo Shabah

Les premiers moments étaient des moments un peu d’incrédulité. On ne croyait pas à ce que ça allait se passer. Par la suite, une fois que ça s’est passé, c’était très difficile d’avoir des réponses. Comme clinicien, on aime ça quand les choses sont bien cernées, sont bien cadrées. On arrive à avoir le bon portrait et on est capable de faire le bon diagnostic. Et là c’était extrêmement complexe. Donc, c’était quelque chose de plus difficile au début et, au fur et à mesure qu’il y avait de l’information qui était partagée, bien, l’information évoluait. Au début, on avait des critères. Les critères ont évolué au niveau diagnostique et, au niveau des interventions, il y avait plusieurs interventions thérapeutiques qui étaient suggérées. Plusieurs étaient contestées. Pour certaines interventions, on avait ce qu’il fallait; pour d’autres, les traitements n’étaient pas disponibles ou accessibles. On est toujours soucieux de donner les meilleurs traitements basés sur les évidences et là il n’y avait pas d’évidence. C’était une période un peu plus difficile, même au niveau professionnel, mais il fallait être là et il fallait au devoir.

Donc, on fait de notre mieux. C’est vraiment ce que mes collègues et moi avons fait. On savait qu’on n’était pas les seuls. Donc, c’était à la fois un peu difficile, mais à la fois aussi on sentait qu’on faisait partie de la même famille au niveau international. On était tous affectés.

Alex Maheux

Mm-hm. Suzie, votre histoire est quand même remarquable. Au mois d’août 2020, vous avez pris votre retraite en enseignement d’infirmière pour vous relancer complètement comme infirmière aux soins intensifs durant le pire des ravages au Nouveau-Brunswick, dans votre région. Pourquoi est-ce que vous avez décidé de retourner et comment ont été vos derniers mois?

Suzie Durocher-Hendriks

Ma retraite était prévue depuis un certain temps et je savais que j’arrêtais l’enseignement après 23 ans de la science infirmière au mois d’août. Mais personnellement je n’étais pas prête à complètement prendre ma retraite, parce que je crois que je suis encore jeune et j’ai encore beaucoup d’énergie. J’avais peur aussi de m’ennuyer à la maison et le fait aussi que tous nos plans, moi et mon conjoint, étaient complètement défaits par ce qui survenait dans le monde. Donc, j’ai commencé aux soins intensifs à l’automne et puis, tranquillement, on avait très peu de cas, tout était vraiment très, très bien contrôlé en général au Nouveau-Brunswick, jusqu’à ce que ça ne le soit plus.

Alex Maheux

Mm-hm.

Suzie Durocher-Hendriks

Les derniers mois ont été… En plus de m’adapter à un environnement de travail qui est différent que d’être en salle de classe ou en réunion, être avec mes étudiants, etc., je me suis adaptée à devenir une infirmière de chevet âgée, si je me compare à mes jeunes collègues, dont la majorité ont été mes étudiants. Par contre, quand nos cas de Covid ont commencé à être hospitalisés, parce que, nous, c’est un hôpital régional, mais sur une distance d’environ 100 quelque kilomètres vers l’Est et 250 km vers le sud, il n’y a pas d’autre hôpital vraiment régional. Donc, on reçoit beaucoup de gens de la région du Québec, le Témiscouata et évidemment toute cette région ici. Donc, ce que j’ai beaucoup apprécié de la part de ma gestionnaire, de la part de la direction des soins infirmiers, c’est qu’il y avait beaucoup de choses en place déjà au cas où. Il y avait des simulations d’admission, dans le sens, OK, on a une personne qui arrive, et on avait des chambres désignées d’intubation, de ventilation, d’autres chambres plus isolées dans un coin où nos patients Covid pouvaient être. Donc, on était prêt.

La chose à laquelle on ne peut pas se préparer, c’est vraiment le vivre. Il fallait constamment non pas vraiment défaire, mais modifier ces plans-là. Ce que j’ai trouvé très surprenant, c’est qu’avec toutes mes années d’expérience, c’est que cette maladie ne se comporte pas du tout comme tout ce que j’ai connu dans le passé, quand on regarde l’insuffisance ou la détresse respiratoire. Donc, j’ai trouvé l’impact physique exigeant, psychologique aussi. Ce qui était difficile aussi, c’est que le contexte était sans relâche. Sans relâche. Il n’y a pas une journée qui était meilleure qu’une autre sur une longue période de temps, sur au moins deux mois, de façon constante. Ce qui était difficile aussi, c’est le manque de personnel. On sait qu’on a une pénurie infirmière pancanadienne qui est très, très sévère et là on l’a ressentie encore plus.

Alex Maheux

Mm-hm. C’est vraiment remarquable, le travail que vous avez, tous les deux, fait.

Dr Abdo Shabah

L’hôpital d’aujourd’hui n’est plus l’hôpital d’il y avait un an et demi. Un des défis qu’on avait en début de pandémie, c’était qu’on avait des protocoles, mais on n’avait pas d’équipement. On avait des protocoles d’équipement, mais les espaces n’étaient pas encore réaménagés. Il y a eu quand même une transformation extrêmement importante dans notre système et je pense que dans toute transition, toute transformation il y a des bons côtés. On peut parler des éléments post-négatifs au niveau de la fatigue, au niveau de l’impact psychologique, mais il y a eu un grand, comment dire ça, une grande volonté, beaucoup d’entraide, les gens se sont soutenus, la place de la santé publique a été reconnue dans ses mesures d’urgence et comme jamais auparavant.

Alex Maheux

Mm-hm. Les deux, vous avez mentionné le besoin d’adapter et de changer souvent. Abdo, tu viens de mentionner les protocoles, les structures ont changé. Au-delà des précautions auxquelles nous sommes maintenant habitués, parlons de masques, de la distanciation, comment est-ce que vos rôles ont changé depuis le début de la pandémie et, Suzie peut-être, est-ce que c’était différent de ce à quoi tu t’attendais?

Suzie Durocher-Hendriks

Oui, parce que… En fait, je ne m’attendais pas du tout à ça, parce qu’il y avait dans le milieu, puis en fait dans toute la province, une certaine naïveté et ça nous a frappés de plein fouet. Par contre, moi, je crois qu’on était prêt parce que justement les choses avaient été mises en place, les critères étaient clairs, la ligne de conduite était aussi très claire. On a un gouvernement provincial qui a donné des directives très claires à la fois à la population et aux intervenants en santé. Je ne pensais pas, dans ma carrière d’infirmière, vivre quelque chose comme ça. Je suis reconnaissante d’avoir vécu ça, parce que j’ai appris quelque chose, j’ai vu des choses et il y a des choses que j’apprécie beaucoup plus aujourd’hui.

Alex Maheux

Abdo, j’aimerais vous demander, je sais que vous êtes urgentologue à Montréal et aussi vous faites la navette au nord de la province au Québec, comment vos expériences ont été et comment votre rôle a peut-être changé dans ces deux endroits durant la pandémie.

Dr Abdo Shabah

L’histoire que je vais raconter est complètement à l’opposé de ce qui vient d’être décrit par Suzie parce que, nous, on a vécu la première vague d’une manière très intense. En fait, au Québec, on avait de très hauts taux de mortalité, de morbidité. On voyait ce qui se passait ailleurs, en France, en Espagne et on se disait ça n’arrivera pas ici. Avant même que la demande soit effectuée, j’avais proposé d’aller vers… moindrement que je voyais qu’il y avait des impacts au niveau des foyers pour personnes âgées, je m’étais moi-même offert et j’avais déjà réservé mes semaines. Deux semaines à travailler dans les CHSLD où là j’étais dans des unités Covid et là je voyais comment des milieux de vie devaient être transformés en milieux de soins. C’était extrêmement difficile à voir : le manque de contacts avec les familles, la difficulté de pouvoir offrir des soins avec une pénurie de personnel, de deux à trois infirmières par étage. On avait une infirmière aux trois étages. Donc, il y avait vraiment des manquements qui étaient là. Donc, comme clinicien, ç’a été vécu d’une manière difficile.

Ça me rappelait, même c’étaient des périodes plus difficiles que certains déploiements que j’avais faits, par exemple, quand j’ai été pour le choléra en Haïti, après le tremblement de terre. On avait plus de réassurance par rapport à notre impact, parce qu’on savait qu’on était en mesure de faire la différence. Il y avait un traitement qui était là. On avait des interventions qui étaient prouvées, tandis que là il n’y avait rien qui se pointait à l’horizon.

Alex Maheux

Vous avez, tous les deux, vécu des expériences vraiment difficiles, qui sont vraiment dures à imaginer. Nous savons aussi très bien qu’il y avait des troubles d’épuisement même avant la Covid auprès des travailleurs de la santé. Nous savons que c’est encore empiré durant les derniers 15 mois. Est-ce que vous avez ressenti ça vous-mêmes ou est-ce que vous en avez été témoins?

Dr Abdo Shabah

Je peux peut-être commencer. Nous, au Québec, on a vécu plusieurs réformes successives. La pandémie, avec son arrivée, a simplement accentué cette fatigue qui était auprès de collègues. À peine on se sentait un peu plus à l’aise dans nos structures après de nombreuses années de changements que la pandémie venait nous frapper, venait tester les structures, venait tester aussi la coordination, la collaboration. Évidemment, dans une période de pandémie, les gens sont plus à l’écoute. On est tous unis contre cette maladie. Donc, c’est plus facile au niveau de la communication, au niveau de l’adhésion des gens pour la collaboration. Par contre, les structures n’étaient pas déjà consolidées et la fatigue était déjà palpable. Donc, de mes collègues il y en a plusieurs qui sont partis à la retraite, ceux que ça faisait longtemps qui y pensaient puis qu’ils étaient à un ou deux ans de prendre cette retraite. Donc, il y a eu des départs.

Il y a aussi un choix de carrière, de ne pas s’impliquer dans les soins aigus ou de demeurer dans les soins aigus et de s’impliquer. Moi, de ce que j’ai perçu, c’est que cette fatigue a pesé sur le goût de l’ensemble des travailleurs de la santé, mais on se rendait compte de plus en plus du rôle critique des travailleurs sur le terrain. Je vous dirais que, la fatigue, elle est aujourd’hui toujours palpable. Les pénuries au niveau du personnel, on les voit dans beaucoup de salles d’urgence que je connais, dans lesquelles je travaille aussi. Il faut vraiment faire attention par rapport à la santé de collègues avec qui on travaille. Il faut vraiment essayer de soutenir tous les gens qui ont contribué durant les dernières vagues pour qu’on puisse maintenir les services au niveau du système de santé.

Suzie Durocher-Hendriks

Si je peux ajouter. J’ai trouvé difficile aussi de communiquer la compassion, la présence authentique avec les personnes, parce qu’il faut s’imaginer que lorsqu’on est habillé de la tête aux pieds, visière, masque N95, jaquette, deux paires de gants en tout temps pour l’infirmière autant pour qu’un intervenant, communiquer la compassion, l’empathie par un sourire, par une expression facile, bien, tout ça disparaît. Tout ce qui reste ou presque, c’est ce qu’on voit dans les yeux et ce qu’on dit, la façon dont on le dit. Nous, la seule façon qu’on pourrait, parce que les visites étaient complètement interdites pendant longtemps aux soins intensifs, des personnes sont mortes seules, des familles n’ont pas pu être présentes et partager les derniers moments. Dans toutes les circonstances, l’infirmière était la personne entre la famille et le patient inconscient mais qui… moi, je disais toujours aux familles « on peut vous entendre, dites ce que vous avez à dire, parlez de tout et de rien, de n’importe quoi, c’est comme si vous aviez une conversation régulière avec votre mère ou avec votre frère ou… ». Alors, j’essayais d’encourager ça le plus possible, par l’entremise d’un iPad et Facetime.

Alex Maheux

Suzie, votre réponse me mène à la prochaine question. Quel a été votre plus gros défi, à vous deux, aux niveaux personnel et professionnel durant la Covid?

Dr Abdo Shabah

De mon côté, je dirais que le défi principalement au niveau professionnel, c’était vraiment la nouveauté, cet inconnu qu’on avait à vivre, pas pendant des jours mais pendant des semaines et des mois. Au niveau personnel, c’est beaucoup plus l’isolement et la séparation. De mon côté, aussitôt que la pandémie a commencé, je me suis isolé de la famille, mon nouvel endroit pour vivre, et je ne voulais pas transmettre. Je pouvais être à risque dans mon milieu et de ramener ça, par exemple auprès de mes parents, c’était quelque chose qui était inconcevable pour moi.

Suzie Durocher-Hendriks

Moi aussi, c’est très similaire. Personnellement, ce que j’ai trouvé difficile, c’est l’isolement de ma famille parce que ma famille est au Québec et en Ontario. Ma fille, qui est infirmière, puis en fait qui travaille dans les communautés du nord au Québec, j’ai deux autres filles, ici au Nouveau-Brunswick, une chance. Par contre, le Nouveau-Brunswick était séparé en zones jaune, orange, rouge. Donc, c’est arrivé assez régulièrement que je ne pouvais pas aller voir mes filles et mes filles ne pouvaient pas venir me voir, elles non plus. Ou nous voir, moi et mon conjoint. Alors, on vivait dans notre petit milieu, assez isolés. À cette période-ci de ma vie professionnelle, j’ai trouvé que j’ai pu contribuer. C’est la seule façon que je peux dire. Et puis je crois que ça m’a aidée à survivre tout cas d’une certaine façon, parce que moi je n’ai jamais eu peur de contracter le virus. Je ne sais pas pourquoi. Mais je me suis dit : si je respecte les règles, si je fais ce que j’ai à faire, je vais me protéger.

Alex Maheux

Mm-hm. Ça fait que vous m’amenez à la prochaine question. C’est par rapport aux vaccins, un sujet qui donne peut-être un peu plus d’espoir que mes dernières questions. Mais nous savons aussi que les efforts de vaccination ont augmenté dans les derniers mois, ce qui a aussi contribué à la diminution des cas. Est-ce que vous vous sentez à l’aise de partager si vous avez été vaccinés? Et si oui, est-ce que vous vous sentez plus protégés?

Suzie Durocher-Hendriks

Je me sens plus protégée, parce que j’ai une certaine immunisation maintenant. Beaucoup de recherches doivent se poursuivre au sujet du vaccin. J’ai confiance dans le vaccin que j’ai reçu, j’ai encouragé beaucoup de personnes à le recevoir. J’ai souvent dit que c’était une responsabilité sociale et humaine de se faire vacciner.

Dr Abdo Shabah

Autour de moi, les gens sont extrêmement heureux, je veux dire, au niveau de la vaccination. Au niveau de mon entourage, il y a quelques sceptiques. Évidemment, ça fait partie un peu de… c’est un choix individuel. Mais comme ç’a été souligné par Suzie, c’est ce choix collectif, mais ça fait… Toutes les stratégies de santé publique sont importantes, incluant la vaccination. Donc, je pense que c’est quelque chose de très bien, tel que Suzie le soulignait qu’au niveau de la vaccination, il y a une crainte comme quoi que les gens vont se laisser un peu aller et je pense que c’est inévitable avec autant de contraintes que la population a eues qu’il va y avoir une espèce de retour. Bon, est-ce que le retour va être en force ou ça va être un retour avec précaution? ou on va vouloir y aller lentement. Mais on doit être vigilant.

Je suis certaine, Suzie, tu l’as déjà mentionné, t’as parlé que les travailleurs de la santé opèrent sur l’adrénaline depuis quelque temps. Qu’est-ce que, tous les deux, vous pensez que les effets seront sur la santé mentale pour vous et vos collègues et qu’est-ce que vous pensez que nous avons peut-être appris pour un meilleur futur?

Suzie Durocher-Hendriks

Mm… c’est une bonne question. Je crois que l’impact sur la santé mentale a été énorme et continue à l’être. Moi, j’ai eu des périodes très difficiles, surtout à la fin d’un relais où je me demandais qu’est-ce qu’on fait là, qu’est-ce qui va arriver? Je pensais aux gens. Je pensais à ces personnes qui étaient profondément affectées, leurs familles. J’ai souvent pleuré seule. J’ai trouvé que c’est une épreuve humaine très difficile à surmonter, mais d’un autre côté j’ai vu le meilleur des humains aussi. La leçon à retenir de ça, et Abdo l’a mentionné tantôt, la santé, c’est international. Il faut cesser de penser que ce qui se passe ailleurs ne nous concerne pas. Ça nous concerne. Il faut, je pense, à mon avis, comme personne sur cette Terre, être beaucoup plus altruiste. Comme on l’a vu avec le partage, la technologie du vaccin, être moins compétitifs entre nous, entre nations.

Alex Maheux

Abdo, qu’est-ce que tu penses qu’on a appris pour un meilleur futur?

Dr Abdo Shabah

Moi, je pense que ç’a amené une reconnaissance par rapport à la vulnérabilité des personnes âgées. Malheureusement, on savait, mais il n’y avait pas eu d’actions qui avaient été prises ici, du moins au Québec, par rapport à cette population et là, de plus en plus on est conscient et il y a une transformation qui s’impose au niveau du système. Les gens sont derrière une telle transformation. Ils veulent que ça le soit et qu’on ne redise plus la même chose et il y a une crainte d’aller vivre dans les CHSLD. Les gens ne veulent plus avoir accès à ces ressources. Il faut retransformer le système de santé, du moins pour les personnes âgées. On voit dans la réorganisation aussi au niveau de la vie des gens, il y a un étalement au niveau urbain. Les gens sont beaucoup plus en périphérie, ils veulent avoir un mode de vie, parce qu’aujourd’hui on permet le télétravail. Et ça aussi, c’est une transformation qu’on attendait depuis longtemps, mais qui semble être de plus en plus clair. Les gens ne vont plus travailler de la même manière. Puis au niveau directement sur le terrain, quand on parle de télétravail, on parle des soins virtuels. Les soins virtuels, il y a eu tellement une adhésion à ces soins-là que c’est difficile aujourd’hui d’envisager que ça va disparaître. Au contraire, je pense que ça va se renforcer, mais ça va s’intégrer au niveau d’une transformation au niveau du système.

On n’a pas fini de parler de la pandémie. Je pense que ça va être un sujet des prochaines années et de l’impact que ça va avoir auprès des populations un peu partout dans le monde.

Alex Maheux

Mm-hm. C’est certainement à suivre. Abdo, Suzie, merci énormément à vous deux pour votre sacrifice, votre ténacité et votre chaleur. C’était vraiment un plaisir de vous parler, aujourd’hui.

Dr Abdo Shabah

Merci.

Suzie Durocher-Hendriks

Merci.

Alex Maheux

Merci d’avoir été à l’écoute. Nous espérons que cet épisode vous a plu. Revenez-nous bientôt, car nous continuerons à présenter des points de vue intéressants et à décortiquer les sujets liés à la santé qui vous intéressent. Pour en savoir plus sur l’ICIS, visitez notre site Web icis.ca. Si vous avez apprécié notre discussion d’aujourd’hui, abonnez-vous à notre balado, laissez-nous un commentaire et suivez-nous sur les réseaux sociaux. Cet épisode a été produit par Jonathan Kuehlein, avec l’aide d'Amie Chant, Marisa Duncan, Shraddha Sankhe et Ramon Syyap. Ici Alex Maheux, merci de suivre le Balado d’information sur la santé au Canada. À la prochaine.

<Fin de l’enregistrement>

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